Comme prévu, Bombardier Transport a décroché mercredi l'important contrat du train de banlieue parisien.
Pour la multinationale québécoise, il s'agit d'une affaire de 2,7 milliards d'euros (3,95 milliards $ CAN), dont 1,35 milliard d'euros (2,0 milliards $ CAN) pour la première phase portant sur la construction de plusieurs centaines de rames automotrices pour le réseau Transilien.
Ce contrat n'aura aucune retombée au Québec. Les rames ont été conçues et seront presque entièrement construites en France, plus précisément dans les installations de Bombardier situées à Crespin, dans le nord du pays.
En annonçant leur choix et en dévoilant la maquette grandeur nature du nouveau train, les responsables de la SNCF et de la région Ile-de-France, tout comme le président de Bombardier Transport, André Navarri, se sont appliqués à rassurer les Français sur les conséquences du choix du constructeur québécois en matière d'emploi.
Eventée depuis quelques jours, confirmée à l'avance par le ministre des Transports français, cette décision a été sévèrement critiquée en effet non seulement par le patron du concurrent français Alstom, Patrick Kron, mais aussi par les milieux politiques et syndicaux. L'Etat et la Société nationale des chemins de fer ont été accusés de priver Alstom d'une vitrine internationale, notamment sur le marché chinois. Les syndicats, s'inquiétant pour les 700 emplois de l'usine alsacienne d'Alstom, se sont dits "scandalisés" de voir que "l'impôt des Français n'aide pas les entreprises françaises".
Affichant sa déception, Alstom s'est estimé pour sa part victime d'une concurrence déloyale, accusant Bombardier de profiter de ses contrats à Montréal et à Toronto, attribués sans appel d'offres, pour proposer des prix inférieurs sur les marchés étrangers. Patrick Kron a indiqué mercredi qu'il avait demandé que soient examinées "les conditions d'attribution de ce contrat".
Pour André Navarri, ces déclarations, faites sur fond de "patriotisme économique", sont en fait un "faux débat". Bombardier Transport, dont le prix de soumission était de dix pour cent inférieur à celui de son principal concurrent, est une société française, a-t-il fait remarquer, en rappelant que le groupe est numéro un à l'échelle européenne et numéro deux en France.
"Quatre-vingt-cinq pour cent des éléments des nouveaux wagons seront construits en France. Le reste en Europe", a-t-on fait valoir chez Bombardier. Cela assure la pérennité des 1600 emplois de l'usine de Bombardier à Crespin pour les dix prochaines années, ont rappelé non seulement André Navarri mais aussi la grande patronne de la SNCF, Anne-Marie Idrac.
Il semble acquis toutefois que Bombardier partagera le gâteau avec Alstom à travers des contrats de sous-traitance, dont l'importance reste toutefois à préciser.
Le contrat prévoit la livraison de 172 rames automotrices ultramodernes, colorées et dotées de larges baies vitrées. Elles vont remplacer les "petits gris", vieux wagons en inox ondulé qui tiennent davantage du train à marchandise. Une seconde tranche de 200 rames est prévue, le tout devant être livré entre 2009 et 2015.
Pour Bombardier, il s'agit d'une victoire hautement stratégique. Elle confirme d'une part le poids qu'a pris le constructeur en France, tout en scellant, d'autre part, la fin du monopole d'Alstom en Ile-de-France, la plus riche des régions françaises avec ses 11 millions d'habitants. Soixante pour cent des trains gérés par la SNCF circulent dans cette seule région.
vendredi, octobre 27, 2006
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire