vendredi, août 25, 2006

Pluton n'est plus officiellement une planète...

Pluton n'aura été une planète que pendant 76 ans. Hier, à Prague, les membres de l'Union astronomique internationale (UAI) ont en effet décidé qu'il n'y aura dorénavant que huit planètes dans le système solaire.

Depuis le début du congrès annuel de l'UAI, les défenseurs de Pluton ont tenté de lui éviter cette humiliation en proposant plutôt d'étendre le statut de planète à trois autres corps célestes similaires, Charon (le satellite de Pluton), Cérès et Xena. Elles auraient été regroupées, avec Pluton, dans une sous-catégorie «planètes plutoniennes», qui aurait éventuellement pu être détachée des huit autres planètes.Mais une majorité de membres a jugé cette solution trop bureaucratique.«La proposition des planètes plutoniennes semble avoir été rédigée par un avocat, pas par un astronome», avait dénoncé la semaine dernière Alain Boss, de l'Institut Carnegie de Washington.

Pluton est désormais une «planète naine», tout comme Cérès et Xena (petite concession, Charon demeure un satellite de Pluton). Jusqu'à mardi, les partisans du compromis ont tenté de limiter la définition de planète afin de favoriser Pluton. Mais hier, les purs et durs ont rajouté une clause fatidique: «Une planète a éliminé tout corps susceptible de se déplacer sur une orbite proche.» Comme l'orbite elliptique de Pluton croise l'orbite circulaire de Neptune, cela ne pouvait fonctionner.

«Je suis surpris», affirme Robert Lamontagne, professeur d'astronomie à l'Université de Montréal.«Je pensais que les partisans de Pluton allaient l'emporter. Mais quelle que soit la solution, je pense que c'est une bonne chose que la question soit réglée. Les astronomes commençaient à avoir l'air fou en n'étant pas capables de s'entendre sur ce qu'est une planète.»

Ce n'est qu'avec l'apparition de télescopes plus puissants, il y a une quinzaine d'années, que le statut de Pluton a commencé à être remis en question. «On a commencé à détecter des objets de taille similaire à celle de Pluton, mais qui ne pouvaient vraiment pas être qualifiés de planètes, dit M. Lamontagne. Les particularités de Pluton, par rapport aux huit autres planètes, sont devenues plus évidentes.»Le débat a parfois frôlé le chauvinisme. Pluton est en effet la seule planète découverte par un Américain. Certains astrophysiciens craignaient que la rétrogradation de Pluton n'affecte le soutien populaire à des programmes de la NASA, comme la sonde New Horizons, lancée en janvier, qui atteindra l'ex-planète en 2015.

M. Lamontagne reconnaît que le lobby «plutophile» était surtout américain, mais il souligne que certains Européens en faisaient partie, alors que des astronomes des États-Unis étaient en faveur de l'exclusion de Pluton. Le vote a été tenu devant 500 des 2500 astronomes présents au congrès, et une nette majorité s'est opposée à Pluton.

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